Morsure de serpent
Souvent moins grave qu'impressionnante
Contrairement aux idées reçues, il n'existe pas de venin mortel en quelques minutes. Le seul risque grave dans les minutes qui suivent la morsure est le risque de choc anaphylactique (choc par allergie grave). Mais il n'est pas dû à la toxicité du venin, mais à une réaction allergique gravissime de l'organisme. Le même choc peut survenir avec une piqûre de guêpe ou en mangeant des fraises… Les venins des serpents servent à neutraliser la proie, et à assurer une pré digestion de celle-ci. La toxicité du venin est dose-dépendante, ce qui signifie qu'elle est d'autant plus grande que la dose injectée est importante. Ceci explique la faible mortalité en cas de morsure de l'homme (glande à venin non pleine au moment de la morsure, évacuation imparfaite par les canaux à venin). Il y a 3 types de serpents venimeux :
1. Les serpents à venin "enzymatique " ou encore appelé "hémotoxique" : il provoque une nécrose de la zone mordue, avec extension plus ou moins importante. La morsure est très douloureuse, avec œdème important. La zone mordue devient violacée, hémorragique. La gangrène et la surinfection s'installent en l'absence de traitement. Plus précoce est le traitement, moins la zone nécrotique sera importante. Ce type d'envenimation n'est pratiquement jamais mortel mais c'est la plus douloureuse.
2. Les serpents à venin "neurotoxique" : c'est un poison paralysant comparable au curare. Les paralysies apparaissent en une à trois heures. Elles affectent d'abord les muscles striés, puis remontent pour atteindre les paupières, les muscles de la déglutition et enfin les muscles respiratoires. Le traitement consiste en une assistance respiratoire en "soins intensifs" afin de passer la phase critique. En l'absence de traitement, la victime peut mourir par asphyxie. Les autres signes de l'intoxication par les neurotoxiques sont les troubles visuels, l'hypersalivation, le larmoiement, les sueurs, l'accélération de la motricité digestive (diarrhées, vomissements), le ralentissement du rythme cardiaque et les troubles du comportement avec agitation ou somnolence.
3. Les serpents à venin "mixte ": ils sont à l'origine des envenimations les plus graves. Ils associent une action neurotoxique et une action hémotoxique. Le tableau clinique est dominé par la douleur, mais c'est le risque de paralysie respiratoire qui fait courir un risque mortel à la victime avec décès en quelques heures. C'est le type d'envenimation la plus dangereuse.
Conseils en cas de morsure
Le principe de base est de tout faire pour ralentir la diffusion du venin. Il faut donc ralentir le rythme cardiaque ou du moins, éviter que celui-ci ne s'emballe. Voici donc quelques mesures à prendre :
* Ne pas céder à la panique : ne pas s'affoler et rester calme. Les morsures de serpents sont très rarement mortelles et surtout l'urgence est relative. Il faut des heures au venin pour agir ;
* Ne pas courir : cela augmente la fréquence cardiaque !
* Allonger la victime, la mettre au repos ;
* Ne pas poser de garrot : c'est inutile et dangereux ;
* Ne pas aspirer le venin avec la bouche : c'est inutile pour le blessé et dangereux pour le sauveteur ;
* Ne pas inciser la plaie : cela favorise la diffusion du venin ;
* Si possible, et sans prendre de risques inutiles, identifier le serpent. Car de sa nature dépendra la mise en place d'un traitement adapté ;
* Nettoyer la plaie avec du savon puis un antiseptique (eau oxygénée, Bétadine, Dakin). Ne pas utiliser de l'alcool ou de l'éther qui, non seulement sont inefficaces, mais de plus favorisent la diffusion du venin ;
* Ôtez tous les garrots potentiels, tels que les bagues, les bracelets, les montres, pour ne pas gêner la circulation sanguine, si l’œdème venait à s’étendre ;
* Si possible, posez sans serrer un bandage en crêpe, pour ainsi bloquer la circulation lymphatique utilisée par le venin pour se répandre, sans pour autant couper la circulation sanguine (vérifiez que vous pouvez toujours passer un doigt entre la peau et le bandage) : il ne s'agit pas de faire un garrot !
* Membre supérieur : immobilisez avec une écharpe contre le thorax, le coude plié à angle droit. Membre inférieur : immobilisez avec une attelle de fortune.
* Calmer la douleur avec un antalgique à base de paracétamol. Évitez les dérivés de l'aspirine et les anti-inflammatoires (risque hémorragique). Si vous avez de la glace, mettez-la dans un sac plastique, entourez le tout d'un linge puis appliquez à l'endroit de la morsure : la glace est un anti-inflammatoire qui diminuera la douleur et l’œdème ;
* Calmer l'anxiété (anxiolytique) ;
* Ne pas faire boire d'alcool, de café, de thé : ils augmentent la fréquence cardiaque et donc favorisent la diffusion du venin ;
* L'application d'une source incandescente (cigarette) à proximité de la plaie est inefficace pour les venins de serpent ;
* Évacuer le malade.
S'il est possible de médicaliser d'emblée le patient, au traitement précédent, on pourra ajouter :
* Mise en place d'une voie veineuse ;
* Traitement du choc ;
* Paracétamol injectable pour la douleur ;
* Antibiothérapie pour éviter la surinfection ;
N’injectez pas de sérum antivenimeux, produit qui ne doit être utilisé qu'à l'hôpital, car il existe un risque d'allergie. Il n'y a pas d'indication à la corticothérapie ou aux anticoagulants dans les morsures de serpent, du moins en pré hospitalier.
Une morsure de serpent ne signifie pas systématiquement envenimation. La douleur n'est en aucun cas un facteur de gravité. De plus l'envenimation est dose dépendante.
Le venin est injecté profondément : l'aspi venin est donc inutile mais dans la mesure où il ne nécessite pas d’incision cutanée supplémentaire, il n'est pas dangereux et a le seul mérite de rassurer la victime.
Précautions de bon sens
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Faire du bruit en marchant est valable pour éloigner toute sorte de présence animale ;
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Portez des bottes ou des chaussures fermées, des chaussettes et des pantalons longs pour aller marcher dans les hautes herbes ou en forêt ;
* Regardez où vous mettez les pieds et où vous vous asseyez ;
* En camping ou en brousse, vérifiez le sac de couchage, les vêtements, les chaussures avant usage...
* Si vous rencontrez un serpent, ne pas tenter de le capturer ;
* Ne mettez pas les mains n'importe où, en particulier dans les trous, les anfractuosités et sous les pierres ;
* Ne pas retourner de pierres, tas d'herbe ou feuilles ;
* Prenez un téléphone portable pour pouvoir contacter les secours en cas de problème ;
* Ne partez jamais seul en excursion.
Se rappeler enfin que l'envenimation est très rarement mortelle. Alors pas de panique !
extrais guide THAILANDE
Il existe deux types de morsures :
- la morsure accidentelle qui se produit dans la nature lors d’une rencontre avec un serpent. Dans 90% des cas, ce sont les membres inférieurs qui sont atteints, et dans 40% des cas, il n’y a pas d’injection de venin, celle-ci étant un réflexe volontaire du serpent.
- la morsure hasardeuse qui se produit lors d’une manipulation volontaire. Dans 90% des cas, l’envenimation est plus grave que lors d’une morsure accidentelle.
Les morsures hasardeuses sont apparues dans les pays développés durant des vingt dernières années. De plus en plus de personnes, zoologistes professionnels et amateurs s’intéressent aux reptiles et conservent des spécimens vivants. C’est pendant l’entretien courant de l’animal (nettoyage de la cage, alimentation, soins vétérinaires, prélèvement de venins) que survient la morsure. L’injection du venin est pratiquement constante et la quantité inoculée est souvent importante. Si la gravité de l’envenimation est la règle, deux facteurs sont relativement favorables: l’identité de l’agresseur est certaine et la proximité d’un centre médical est fréquente.
Une morsure hasardeuse est toujours le résultat d’une erreur de manipulation ou d’appréciation. Selon une statistique faite en France, le risque est d’environ 0.25 accident par année et par personne, c’est à dire une morsure tous les quatre ans. Le risque est identique dans les élevages amateurs et professionnels.
GEO